Discours de Laurent WAUQUIEZ au Conseil national du 16 mars 2019 à Lyon

Discours de Laurent WAUQUIEZ au Conseil national du 16 mars 2019 à Lyon

Discours de Laurent WAUQUIEZ au Conseil national du 16 mars 2019 à Lyon

Discours de Laurent WAUQUIEZ,

Président des Républicains

Conseil national du 16 mars 2019 à Lyon

 

Mes amis,

« Vous n’avez pas le choix. » « Vous n’avez pas le choix » : voilà ce que déclare Emmanuel Macron dans son clip de campagne pour les élections européennes. « Vous n’avez pas le choix. » Mais comment peut-on oser dire cela ? « Vous n’avez pas le choix. » Il n’y aurait que lui et la « lèpre nationaliste ». « Vous n’avez pas le choix. » On repousse tous les autres dans les ténèbres extérieures. Une seule route, un seul bulletin.

Et bien nous allons leur montrer qu’on a le choix ; nous allons leur montrer qu’il y a un autre choix pour l’Europe. Les Français sont un peuple qui n’accepte pas de se faire dicter son destin. J’ai toujours pensé qu’au cœur de la démocratie, il y a précisément le choix. C’est tout le sens du mot élire : élire, c’est d’abord faire un choix. Et c’est pour exercer ce choix que nous sommes là.

Ils voudraient résumer le débat européen à une seule alternative, pour ou contre l’Europe. C’est une profonde erreur pour la démocratie et pour l’Europe. Ils voudraient tant rééditer le scénario du second tour de la présidentielle. Emmanuel Macron et Marine le Pen se font chacun la courte échelle, prétendant étouffer toute autre parole. Mais nous sommes là. Nous sommes bien là. Et quelque chose est en train de se passer dans le pays. Car les Français ne veulent pas que leur vote soit confisqué par ce face-à-face mortifère. Car l’un comme l’autre sont des impasses.

D’un côté, Marine Le Pen, Nicolas Dupont-Aignan et la déconstruction de l’Europe. Quand Marine le Pen veut remplacer l’Union européenne par une improbable Alliance des nations européennes, qu’est-ce donc sinon la déconstruction de l’Europe ? Quand elle s’affiche avec un drapeau inversé de l’Europe, qu’est-ce donc sinon la déconstruction de l’Europe ? Quand elle parle de souveraineté monétaire nationale, qu’est-ce donc sinon la sortie de l’euro ? Une folie, un désastre pour la France, un coup qui serait directement porté aux salaires et à l’épargne de tous les Français et particulièrement des retraités. Il suffit de regarder le Royaume-Uni pour le comprendre. Ce pays est en train de basculer dans le chaos. Eh bien le programme du Brexit c’est le programme de Marine le Pen et de Nicolas Dupont-Aignan. Ils parlent exactement comme ceux qui défendaient hier le Brexit. Au moment de voter, que les Français regardent de l’autre côté de la Manche et aient en tête les conséquences de ces discours inconséquents. Oui, je me bats pour que la France n’emprunte jamais le même chemin.

Mais l’autre approche, mes amis, celle d’Emmanuel Macron, est tout autant une impasse. Ce qu’il propose, c’est toujours plus de l’Europe qui ne marche pas, la fuite en avant sur la voie du fédéralisme impuissant. Le fédéralisme impuissant, c’est plus d’élargissement avec l’entrée des pays des Balkans dans l’Europe comme il l’a appelé de ses vœux à Trieste. Le fédéralisme impuissant, c’est faire entrer la Roumanie dans l’espace Schengen comme il l’a dit à Bucarest. Le fédéralisme impuissant, c’est toujours plus de de normes, de bureaucratie, lui qui propose dans chaque discours la création d’administrations et d’agences supplémentaires, une quinzaine au total. Et l’on brasse les mêmes slogans incantatoires depuis des années, créer une Europe sociale, refonder l’espace Schengen ... Et rien ne change.

Pourquoi ? Parce que plus personne ne veut de cette Europe-là. La France avait soulevé un espoir il y a deux ans et aujourd’hui, aujourd’hui la France est isolée comme elle l’a rarement été dans son histoire. Nous nous sommes mis à dos nos partenaires les uns après les autres : l’Italie, les pays nordiques, le Benelux et même notre partenaire allemand. Comment ne pas ressentir l’humiliation de la fin de non-recevoir opposée par la présidente de la CDU allemande à toutes les propositions de la France ? Il y a une époque où avec la présidence de Nicolas Sarkozy c’était la France qui faisait avancer l’Europe. Aujourd’hui la France n’est plus au cœur du jeu européen. Et en effet comment la France pourrait-elle donner des leçons aux autres pays d’Europe, alors que nous avons maintenant le record des impôts et des prélèvements obligatoires et pour la première fois le pire déficit de la zone euro ?

Emmanuel Macron ou Marine Le Pen, pour ou contre l’Europe.

Cette alternative stérile, ces deux impasses interdisent l’une comme l’autre d’apporter les vraies réponses. L’une comme l’autre sont incapables de redonner un sens et un avenir au projet européen. Ce que n’ont pas compris Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan et que savent les Français, c’est que face à la concurrence de la Chine ou des Etats-Unis, l’Europe est plus que jamais une protection contre la folie des temps qui viennent. Et ce qu’Emmanuel Macron n’a pas compris c’est que les Français ne sont pas contre l’Europe ; ils sont contre ce que l’Europe est devenue. Ils croient dans l’Europe mais ils constatent qu’elle s’est écartée de sa mission initiale : nous assurer un surcroît de protection.

Eh bien contre ces deux impasses - la déconstruction et la fuite en avant - nous sommes les seuls à proposer de remettre l’Europe sur le bon chemin, de retrouver l’Europe que nous aimons.

Et je suis fier de ceux qui vont porter nos couleurs.

Vous le savez, j’ai voulu un trio qui incarne une nouvelle droite : Arnaud Danjean, spécialiste de la lutte contre le terrorisme, Agnès Evren, la nouvelle génération qui a créé son entreprise, pleine de dynamisme, et François Xavier Bellamy, le philosophe qui guide notre liste, parce que la politique a besoin de retrouver du sens et de la vision. Je le remercie de son courage. Oui, je suis fier d’eux. A leurs côtés, une équipe faite du renouvellement des talents et de la diversité des expériences. Vous le savez, je me suis battu pour ce choix et je vous remercie de m’avoir fait confiance. Ils disent une chose : c’est une droite qui avance en relevant la tête, ce sont des personnalités de convictions ; c’est avec eux que la reconstruction commence. Et déjà les lignes se sont mises à bouger.

Et je crois dans les convictions qui rassemblent. Je remercie Hervé Morin de sa confiance. C’est un homme droit et engagé. Comme président des régions de France, il s’oppose avec beaucoup de courage au centralisme du gouvernement. Comme président des Centristes, il fait le choix de construire avec nous cet autre chemin pour l’Europe et pour la France. Comme tu l’as si bien résumé, Hervé, le projet d’Emmanuel Macron repose sur du sable et l’incantation ne fait pas un projet. Nous montrons ensemble le chemin d’une nouvelle alliance de la droite et du centre pour aujourd’hui et pour demain.

Je voudrais enfin remercier Joseph Daul. Voter pour les Républicains c’est inscrire la France dans la grande famille du PPE, le premier parti européen. En marche, eux ne savent même pas dans quel groupe ils siégeront au Parlement européen. Avec nous, c’est la garantie que la France pourra défendre ses intérêts.

Pourquoi sommes-nous là ? Parce que nous croyons dans le destin de l’Europe ; j’ai bien dit l’Europe, je ne pense pas seulement à l’Union européenne.

Je pense à l’Europe, à son mode de vie, à sa civilisation. Nous voyons la Chine et les Etats- Unis s’affirmer ; nous voyons la montée de l’islamisme ; nous voyons les défis du climat, de la mondialisation, du digital. Et nous nous disons : est ce que demain l’Europe pèsera encore ? Nous sentons bien que l’Europe est menacée et nous nous posons tous cette question : sommes-nous condamnés à quitter l’histoire sur la pointe des pieds ? Nous qui avons façonné la marche du progrès pendant tant de siècles, sommes-nous condamnés à ne plus nous défendre, à ne plus assumer notre héritage, à ne plus influer sur le cours des événements ? L’Europe ne doit pas être le nom d’un vide. Notre bataille, tellement plus importante que les esbroufes politiciennes est de redonner un avenir à la civilisation européenne.

J’ai bien dit la civilisation, ce mot que nous n’osons plus prononcer. Depuis trop d’années, nous avons perdu l’amour de nous-mêmes, nous n’assumons plus la fierté de notre être, nous avons renoncé au droit d’être nous-mêmes. Eh bien nous devons retrouver le goût et le sens de ce que nous sommes, comme nous y invite le philosophe Pierre Manent. On a le droit d’aimer ce que nous sommes, la civilisation européenne. Oui, rappelons-nous ce qu’est d’abord l’Europe : une civilisation. L’Europe n’est pas qu’une construction administrative, une série de traités ou une addition de droits individuels. En bâtissant l’Union européenne, on a eu tort de l’oublier.

Redonner un avenir à notre civilisation européenne, c’est se souvenir que l’Europe a une histoire. Quand j’entends le mot d’Europe, me vient à l’esprit la Grèce qui défend sa liberté à la bataille des Thermopyles avec l’arrogance merveilleuse d’un Léonidas face à la menace perse. L’Europe, c’est la splendeur de l’Athènes de Périclès et l’invention de la démocratie, chère à Démosthène. C’est le rayonnement du droit romain ; Rome qui avait compris que pour faire tenir une civilisation, il faut se donner des règles et les faire respecter. C’est la bataille des champs Catalauniques, quand la coalition des Romains, des Francs et des Wisigoths repousse les hordes d’Attila. C’est ce fruit lentement mûri d’une histoire par laquelle, depuis les marges de l’Empire en passant par les batailles sur la Méditerranée en allant jusqu’à la Reconquista aux confins de la péninsule ibérique, s’est édifié le territoire européen et s’est éveillé la conscience européenne.

Redonner un avenir à notre civilisation européenne, c’est assumer nos racines. L’Europe est fondée sur trois traditions : la tradition gréco-latine, les racines judéo-chrétiennes et la pensée des Lumières. Ces grandes figures qui ont voulu comprendre le monde, Aristote, Saint-Thomas ou Descartes. Trois merveilleuses traditions qui se sont unies pour donner naissance à une civilisation unique, pétrie par l’humanisme et le respect. Dans une mondialisation déséquilibrée et déréglée, la civilisation européenne a quelque chose à dire au monde. L’Europe, c’est un certain sens de l’équilibre et de la modération.

C’est pour cela que nous devons être à la pointe de la prise de conscience écologique, car en Europe l’histoire nous a appris qu’il faut se fixer des limites, que même si la science est un progrès, la folie des hommes peut être destructrice. L’Europe, c’est l’espérance et la liberté d’expression ; c’est ce continent où l’histoire nous a chèrement appris à refuser qu’un totalitarisme politique ou religieux dicte sa loi ; l’Europe c’est ce lieu où l’on respecte la foi mais où la foi doit aussi respecter la liberté d’opinion ; l’Europe c’est le continent de l’égalité de l’homme et de la femme et c’est pour cela que chez nous nous défendons le fait que personne, personne ne peut imposer qu’une femme se couvre le visage.

Ces racines, ce sont elles qui nous ont façonnés et on ne peut construire l’avenir de l’Europe en leur tournant le dos. Alors oui, l’Europe a des racines chrétiennes. N’ayons pas peur de le dire. Même pour les Européens qui ne sont ni pratiquants ni croyants, ces racines constituent le socle de notre identité. Si nous tenons tant à distinguer le temporel et le spirituel, c’est grâce à nos racines chrétiennes. Si nous préservons notre ambition humaniste, c’est grâce à nos racines chrétiennes. C’est une évidence, et pourtant, dans le passé, on a eu peur de l’inscrire dans les traités européens. Finissons-en avec l’éternelle repentance qui nous interdit d’aimer ce que nous sommes ! On m’a attaqué quand j’ai défendu les crèches et j’ai refusé de céder parce que cette bataille est symbolique de nos renoncements. Une crèche, c’est un bout de ce que nous sommes. Nos traditions ne sont pas un fardeau, elles sont notre force et nous demandons que nos racines judéo-chrétiennes soient inscrites dans nos traités fondateurs.

Et j’ai bien dit les racines judéo-chrétiennes car l’Europe ne serait pas ce qu’elle est sans l’apport remarquable des Juifs. Cela nous oblige et nous devons être intraitables contre l’antisémitisme sous toutes ses formes, car quand on attaque les juifs on attaque la civilisation européenne. Je souhaite que nous portions un pacte européen contre l’antisémitisme.

L’Europe, c’est aussi l’art de la figuration de Léonard de Vinci aux impressionnistes, c’est le théâtre de Molière, l’art du roman de Cervantès, la poésie de Dante, c’est l’invention de l’opéra, l’art des cafés de Vienne ou de Paris, les créateurs de mode, le cinéma, la musique pop...

Toutes ces images, tout ce trésor, devraient être appris à nos enfants plutôt que de leur enseigner la mauvaise conscience de la France. Où sont-elles dans l’Europe d’aujourd’hui ? Elles ne sont pas dans les discours officiels, elles ne sont pas dans les documents, elles ne sont pas dans nos écoles. Sur nos billets, symbole politique par excellence, il n’y a que des figures abstraites et des ponts imaginaires. Pourquoi ne pas mettre sur nos futurs billets d’euros les visages de Charlemagne, de Christophe Colomb, de Goethe ou de Mozart. Il n’y a aucune fatalité à ce que l’Europe « perde le sens de son identité culturelle », comme le craignait le grand écrivain Milan Kundera.

La culture, le patrimoine, on en parle si peu et c’est pourtant si important. Aucun politique ne parle de culture quand il s’agit d’Europe. A peine 0,15 % du budget européen consacré à la culture. Fixons-nous cet enjeu minimum, comme en France, d’avoir au moins 1% du budget européen consacré à la culture et au patrimoine.

Mais redonner un avenir à notre civilisation européenne, c’est aussi défendre notre mode de vie. L’Europe ne peut pas tout accepter, être ouverte à tout, tout en reniant ce qu’elle est. A Bruxelles, à deux pas des institutions européennes, il y a le quartier de Molenbeek. C’est un symbole qui veut tout dire. L’Europe avait pourtant un très vieux principe, formulé par Saint-Augustin : « A Rome, fais comme les Romains. » Nous avons cessé de l’exiger et nous avons laissé s’installer le communautarisme.

Même Angela Merkel a dressé ce constat : « le multiculturalisme a totalement échoué. » Oui, le multiculturalisme est un danger pour la civilisation européenne. Le devoir d’intégration ne peut être inversé. Les nouveaux arrivants doivent faire leur le mode de vie européen et non l’inverse. Nous proposons d’exiger de chaque nouvel arrivant en Europe qu’il signe une charte des valeurs et des devoirs européens, qu’il devra respecter sous peine d’expulsion. L’égalité entre l’homme et la femme, la liberté de conscience et la liberté d’expression ne sont pas négociables.

Redonner un avenir à notre civilisation européenne, c’est donc arrêter de sous-estimer la menace islamiste. Une partie de nos élites ne cesse de minorer l’islamisme. Et je veux saluer ici le courage de notre porte-parole Lydia Guirous qu’aucune menace n’impressionne dans son combat.

Il faut en Europe vaincre ensemble les terroristes islamistes. Car nombreux sont les pays frappés par des attentats. Ces attentats ne sont pas le fruit du hasard. Je suis allé à Mossoul voir ces minorités chrétiennes qui ont fait face à la barbarie islamiste, celle qui déteste tout ce que nous sommes. Ils veulent détruire ce que nous représentons. Alors arrêtons d’être naïfs. Il nous faut un bouclier européen contre l’islamisme et une coopération contre le terrorisme : fermons toutes les mosquées salafistes d’Europe, arrêtons les financements étrangers et expulsons tous les prêcheurs de haine.

Et je ne veux pas que les djihadistes partis en Syrie et en Irak puissent revenir en Europe. Pour éviter tout retour, je propose que l’Europe prenne l’initiative en Irak d’un tribunal pénal international, d’un Nuremberg des djihadistes, pour prononcer des peines d’exception. Ainsi ils seraient jugés, condamnés et détenus sur place. Ils ont trahi l’Europe, ils n’ont plus leur place en Europe.

Et notre liste pourra compter sur des experts de l’antiterrorisme comme Arnaud Danjean et Frédéric Péchenard.

Redonner un avenir à notre civilisation européenne, c’est en finir avec l’élargissement sans fin et ce sera une de nos différences majeures avec le projet d’En marche. Emmanuel Macron a accepté que l’ouverture des négociations d’adhésion avec l’Albanie et la Macédoine, mais comme par hasard en juin prochain, juste après les élections européennes. Eh bien ceux qui seront sur notre liste signeront une charte et s’engageront à voter pendant leur mandat contre toutes les décisions qui ouvriraient la voie à de nouveaux élargissements. Je demande également la suppression du poste de commissaire à l’élargissement. Et nous portons avec la CDU la même exigence que l’on mette fin une bonne fois pour toutes aux négociations avec la Turquie, car la Turquie, ce n’est pas et ce ne sera jamais l’Europe.

Redonner un avenir à notre civilisation européenne, c’est redonner des fondations solides au projet européen, et ces fondations sont dans nos différentes nations constitutives de notre identité. L’essence même de l’Europe, c’est l’émulation entre nations européennes. Certains ont voulu construire l’Europe à partir des décombres des nations, en pensant que l’Europe devait les effacer. C’est une erreur commune à Emmanuel Macron et Marine Le Pen que d’opposer les nations et l’Europe alors qu’il faut les réconcilier. Les nations sans l’Europe seraient démunies ; l’Europe sans les nations serait inexistante. Le projet européen doit renforcer les nations européennes et les nations doivent renforcer l’Europe.

Pour que l’Europe avance, elle doit s’appuyer sur les nations et les peuples qui la composent. Je ne crois pas à l’Europe des bureaux, des normes tatillonnes, des tribunaux anonymes. Quand on pense à l’Union européenne aujourd’hui, on pense d’abord à la Commission et à ses nombreux projets de directive. Pour nous, l’Union européenne, ce doit d’abord être celle du Conseil et du Parlement européens. Le Conseil des Etats, parce que seuls les représentants des nations européennes sont à même de décider concrètement de l’avenir de l’Europe. Et le Parlement, parce que les députés européens sont élus directement par les citoyens.

Et ce Parlement doit avoir un seul siège par souci de simplicité. Je suis d’accord sur ce point avec la présidente de la CDU avec laquelle j’ai échangé hier. Mais ce siège unique, il doit être à Strasbourg, en France, c’est inscrit dans les traités européens et sur ce point nous ne lâcherons rien. Je ne demande pas que la BCE ne soit plus à Francfort ; qu’on ne demande pas que le Parlement soit à Bruxelles.

Redonner un avenir à notre civilisation européenne, c’est aussi sortir l’Europe de ce que Tocqueville appelait ces petites règles compliquées, minutieuses et uniformes » qui « gênent, compriment, énervent, éteignent, hébètent ». Comme nous avons perdu le bon sens ! On ne fait plus rien mais on fait des normes. D’abord que la France, elle qui va toujours plus loin dans les normes, se fixe un principe, quand une directive européenne laisse le choix, que la France choisisse toujours la norme la moins exigeante au lieu de toujours choisir la norme la plus contraignante. Notre pays n’en peut plus des normes.

Il faut passer de l’Europe des normes à l’Europe des projets. La compétence de la Commission en matière normative doit être réduite au strict minimum, en revanche je plaide pour que la Commission ait le pouvoir de porter elle-même des projets en étant maître d’ouvrage, à l’image du Lyon Turin pour sortir les camions de nos autoroutes et les mettre sur les trains, à l’image d’un train à grande vitesse qui relierait Prague à Madrid, à l’image de la couverture en très haut débit de tout le continent européen par un réseau 5G dont l’Union européenne pourrait prendre la responsabilité. Les pères fondateurs avaient compris que l’Europe doit se démarquer par des projets et non par des directives. Pourquoi l’Europe ne fixerait pas pour les cinq ans qui viennent une grande cause européenne, la lutte contre alzheimer et les maladies neuro dégénératives qui laissent tant de familles désemparées ? Si tous les laboratoires d’Europe unissaient leurs efforts, notre continent pourrait être le premier au monde à apporter la réponse à ce fléau. Voilà l’Europe à laquelle je crois.

Redonner un avenir à notre civilisation européenne, c’est bâtir une Europe capable de répondre aux enjeux de demain, ceux de la nouvelle révolution industrielle, de l’intelligence artificielle ou de l’homme augmentée. L’Europe doit regagner le terrain perdu face aux GAFA et aux BATX qui pillent nos données personnelles. Il ne s’agit pas seulement de les fiscaliser ; il faut faire émerger nos propres champions et surtout fixer nos propres règles sur la « frontière technologique ». Il faut poser des limites éthiques entre ce que nous pouvons faire et ce que nous voulons faire. Ce ne sont pas à la Silicon Valley ou à la Chine de décider de notre mode de vie futur.

Ne nous y trompons pas. Les combats entre les nations sont devenus d’une terrible violence. Les Trafalgar et les Waterloo d’hier ont été remplacés par des batailles économiques avec pour enjeu l’avenir de nos enfants. L’Europe doit cesser d’être naïve ou soumise. Elle doit redevenir conquérante et audacieuse.

Comment accepter que Donald Trump nous dicte ses volontés et interdise du jour au lendemain à l’Europe de commercer avec l’Iran ? Que les Chinois se payent les infrastructures européennes, les ports grecs hier, italiens aujourd’hui, les aéroports français demain alors qu’ils verrouillent les investissements chez eux ? Je souhaite que l’Europe tienne à nouveau son rang, qu’elle assume ce rapport de forces et redevienne une puissance. Notre vocation n’est pas d’être un continent de supermarchés où l’on pousserait des caddies au milieu de rayons remplis de produits étrangers. Il faut une vraie stratégie industrielle européenne.

Je suis pour le libre échange mais je suis contre la concurrence déloyale. Nous sommes d’une naïveté terrible face aux Américains ou aux Chinois. Donnons-nous les armes pour nous battre dans l’arène mondiale. Cessons d’accepter que nos marchés publics soient ouverts à 95% aux entreprises étrangères alors que les Etats-Unis n’en ouvrent que 32% et la Chine 0% ? Nous devons réserver au moins 50 % de nos marchés publics aux entreprises françaises et européennes, à nos PME. Et nous devons mettre en œuvre une barrière écologique pour imposer des droits de douane aux produits qui ne respectent pas nos normes environnementales.

Retrouvons enfin une ambition agricole. Nos députés se battront pour conserver le montant de la Politique agricole commune. Ce n’est pas au moment où nous parlons de développement durable et de produits de qualité qu’il faut renoncer à la PAC, c’est tout l’inverse. Rétablissons la préférence communautaire pour nos agriculteurs car il en va de notre souveraineté alimentaire. Des cabillauds péchés en Norvège, conditionnés en Chine et vendus surgelés en France... Tout ceci est devenu fou. Redonnons à manger à nos enfants les produits de nos agriculteurs. La meilleure manière de faire de l’écologie, c’est de revenir au bon sens.

Redonner un avenir à notre civilisation européenne, c’est enfin, mes amis, ne plus subir l’immigration de masse. Si nous continuons à dépasser durablement nos capacités d’intégration, nos pays ne tiendront pas. Avec le défi climatique, c’est un des principaux défis qui sont devant nous.

Pour cela, il faut défendre nos frontières européennes. Marine Le Pen a tort quand elle pense qu’il ne faut pas d’Europe pour défendre nos frontières. Si l’Europe ne protège pas nos frontières, les immigrants qui rentrent par l’Espagne, l’Italie, la Grèce finissent évidemment par arriver en France. Je suis allé à Lesbos, dans ces îles face à la Turquie et j’ai vu l’ampleur de cette immigration illégale qui arrive chaque jour en Europe. J’ai vu le travail quotidien des garde-côtes. J’ai vu la pression qui existe sur ces territoires et sur ses habitants. Et je sais, chère Nadine Morano dont l’engagement sur cette question est sans faille, que si les pays européens se décident à travailler ensemble pour sécuriser leurs frontières, nous serons mille fois plus forts pour protéger notre continent de l’immigration illégale.

Emmanuel Macron, lui, veut que l’on répartisse les migrants entre les pays européens, mais cela, c’est gérer notre impuissance. Moi, je veux que l’on arrête les migrants illégaux avant qu’ils ne rentrent en Europe. Il faut que l’on organise le retour systématique des bateaux de passeurs sur les côtes africaines pour faire cesser le trafic d’êtres humains. Emmanuel Macron a proposé d’ouvrir de nouveaux centres d’accueil en Europe. Nous nous pensons qu’il faut retrouver la fermeté nécessaire, les demandes d’asile doivent être faites hors d’Europe. Un immigré entré illégalement doit savoir qu’il ne sera pas régularisé, cher Brice Hortefeux, et qu’il sera systématiquement reconduit dans son pays car sinon c’est une incitation à violer les règles de droit.

Ce que nous proposons en matière d’immigration c’est une double frontière, une frontière européenne défendue en commun, et une frontière nationale, chaque pays gardant la possibilité - comme à Menton - d’arrêter les immigrés illégaux.

Je ne sous-estime rien de la difficulté ni des drames humains auxquels personne ne peut rester insensible. Mais la vraie générosité, c’est de soutenir un vrai plan de développement de l’Afrique soutenue par l’Europe. L’avenir de la jeunesse africaine n’est pas en Europe ; il est en Afrique.

Réaffirmer le sens de la frontière, arrêter de subir, ne plus se soumettre, retrouver le goût de l’ambition et des grands projets, redessiner l’avenir de cette civilisation européenne que nous chérissons. Se réapproprier ce que nous sommes pour mieux assurer ce que nous serons. C’est cela la question qui nous attend. Pas pour ou contre l’Europe, mais l’Europe que nous voulons.

Mes amis, il est temps. Les lignes sont en train de bouger. Il est temps. Ils ont voulu écrire un scenario d’avance mais les Français n’en veulent pas. Ils ne veulent pas être à nouveau enfermés dans le duel de la présidentielle. Ils veulent autre chose. Il est temps. Depuis que nous avons redressé la tête, je sens que quelque chose est en train de se passer ; nous allons déjouer tous les pronostics ; nous allons bousculer les certitudes, ; nous allons faire mentir les prévisions. Nous allons faire se lever un nouvel espoir. Il est temps !

Il est temps de rendre aux Français l’Europe qu’ils veulent. Ce que nous voulons, au fond, c’est à la fois simple et gigantesque. Nous voulons continuer l’histoire de notre civilisation. L’histoire de nations, de peuples, de cultures, dont le génie lucide et millénaire ne veut pas mourir. Nous voulons redonner un avenir à la civilisation européenne. Soyons-en fiers. Et soyons-en dignes.

Vive la France et vive l’Europe !

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